Le château de Chimay, aux mains de familles importantes à travers les siècles, fut mainte fois reconstruit jusqu’à aujourd’hui. L’évolution des temps, les guerres et les incendies ont provoqué autant de renaissances du château, aujourd’hui en place depuis plus de mille ans.
Un emplacement de choix
La Ville de Chimay est située dans une région de paysages vallonnés, appelée la Calestienne. C’est une étroite bande calcaire qui est bordée au nord par la Fagne et la Famenne, et au sud par la foret d’Ardenne.
La Calestiennne
Cette région comporte de nombreux atouts qui intéressèrent les occupants successifs, dès la préhistoire, notamment un sol fertile, des rivières poissonneuses, et la présence de minerais de fer et de pierre à chaux.
Parmi eux, les Romains s’intéressèrent à la région pour ses sols limoneux, excellents pour la culture céréalière, ses forêts à proximité et la possibilité d’y établir un réseau routier.
Une voie romaine
La voie romaine Saint-Quentin Cologne, qui suivait la vallée du Viroin, facilita l’installation de nombreux sites d’exploitation agricole et métallurgique.
A partir du Vème siècle, les anciennes fortifications romaines vont attirer des peuplades germaniques, organisées en clans, qui s’installent à proximité.
Les Carolingiens
Deux siècles plus tard, les Carolingiens
s’attacheront à réorganiser le territoire.
Un premier complexe fin IXème
A travers les siècles, l’ancienne voie romaine est restée un axe de circulation et un moyen de gestion important.
A Chimay, l’éperon rocheux qui surplombe la traversée de la rivière Eau blanche par la voie romaine, offre une situation idéale pour un château. Il fut édifié vers la fin du IXème siècle.
Des fouilles archéologiques, menées principalement par l’archéologue Frédéric Chantinne (SPW) en 2004, ont révélé l’existence, au sein de ce château, d’une église de 8m par 20m érigée probablement par le comte Erlebold aux alentours de 887.
Un des premiers châteaux de nos régions
A cette époque, les grands aristocrates carolingiens installaient des complexes comprenant les trois éléments utiles à la gestion du territoire « aula camera capella ». L’« aula » reprenait les pièces réservées aux assemblées dédiées à la gestion administrative, fiscale et juridique ; la « camera » était la résidence et la « capella » l’édifice religieux.
Xème Une Collégiale et une turris
Au Xème siècle, le pouvoir change de main à Chimay : la famille de Allard est établie par le roi et futur empereur Otton Ier. Le pouvoir de cette famille importante s’étendait sur un territoire qui allait de Chimay jusqu’à la Meuse, comprenant Revin, Molhain, Couvin, Virelles, Pesche,… Ils y protégeaient les domaines d’abbayes ou de chapitres qui y possédaient des biens ou y étaient implantés; ils rendaient la justice ; ils contrôlaient cet espace d’un point de vue militaire.
La collégiale privée
Ils construisirent à Chimay, en remplacement de l’église primitive, une imposante collégiale de plus de 20m sur 30, avec une crypte, qui conservait les reliques de sainte Monégonde. Cet édifice, encore inconnu il y a peu, fut découvert par les récentes fouilles archéologique au château. Les Allard créèrent, vraisemblablement en 944, un chapitre de chanoines dédié à la sainte, qui remplaça les bénédictins. La sainte protégeait la famille et la ville. La collégiale servait d’église privée et de nécropole aux membres de la famille. Les chanoines étaient installés dans d’autres édifices de la ville.
La cour et la turris
Construit en vis à vis sur l’éperon rocheux, l’imposante « turris » (ou donjon), de 16 m par 30 m , reposant en partie sur une double cave voûtée, servait probablement à la fois de résidence et de centre névralgique du territoire. Probablement présent depuis l’origine du château, d’autres éléments font partie des structures indispensables :
un puits profond de plus de 35m alimente le château, il sera utilisé jusqu’au XIXème siècle;
une haute cour et une basse cour, séparées par un fossé, comprennent les fonctions dirigeantes des aspects domestiques et logistiques du château (écuries..)