Les Familles
Erlebold
Le premier personnage illustre mentionné dans la région de Chimay s’appelait Erlebold. Certaines sources disent de lui qu’il était comte. Il fonda avec sa femme en 887 un monastère, dans le domaine (« villa ») de Salles, dont il avait obtenu la charge du roi en personne. Il faisait partie de la haute aristocratie lotharingienne.
Il s’agit probablement du même personnage « Erlebad », fondateur du château de Mézières (Ardenne française), comte de Castrice.
Sa famille, proche de la dynastie carolingienne dirigeant la Francie occidentale est mentionnée à quelques reprises au début du Xe s. Il est surtout connu pour le conflit qui l’opposa à l’archevêque Hervé de Reims qui l’excommunia. Il fut assassiné en 921 par les ennemis du roi Charles III, dit le Simple, auprès de qui il se rendait vers Worms pour se plaindre des agissements de l’archevêque.
Erlebold et sa famille firent sans doute partie de ceux qui participèrent à la révolte menée par le duc de Lotharingie, Gislebert, contre le roi Otton Ier à la fin des années 930. La révolte ayant échouée, les « Erlebold » furent alors écartés du pouvoir par Otton, qui les remplaça par des fidèles, les « Allard », qu’on appellera plus tard la famille de Chimay.
Les Chimay
Ayant leur résidence principale à Chimay, la famille des « Allard » porta le nom du lieu (Chimay) à partir de la seconde moitié du XIe s. Les recherches archéologiques ont cependant montré que les « Chimay » étaient installés sur l’éperon castral dès le milieu du Xe s.
Les « Chimay » étaient une famille importante et possédaient leur propre chapitre religieux qui avait remplacé en 944 le monastère fondé par les « Erlebold ».
Ils ont fait l’histoire :
Quoiqu’en dise la tradition, les « Chimay » n’étaient pas de simple seigneurs (au sens de gestionnaire d’un domaine octroyé autrement dit d’un fief). En effet, ils avaient une autorité sur un territoire qui allait de Chimay jusqu’à la Meuse, comprenant Revin, Molhain, Couvin, Virelles, Pesche,… Ils y protégeaient les domaines d’abbayes ou de chapitres qui y possédaient des biens ou y étaient implantés; ils rendaient la justice ; ils contrôlaient cet espace d’un point de vue militaire.
Se sont succédé :
Allard Ier, premier dont on a conservé une possible mention textuelle vers 1030, Allard II, mentionné à plusieurs reprises vers 1100, probablement le petit-fils de Allard Ier, Allard III dit Pollière, cité en 1134
Gilles, cité de 1169 à 1186. Son père étant décédé alors qu’il était mineur, il fut élevé par Baudouin IV, comte de Hainaut
Allard IV, cité de 1190 à 1218, inhumé en la collégiale de Molhain
Roger, †1226, qui mourut sans descendance mâle
Sa fille Marie, épousa Jean de Soissons vers 1222…
Les Soissons
Par le Mariage de Marie de Chimay avec Jean II de Nesle Comte de Soissons, une nouvelle famille entre en scène, Jean II prend le titre de seigneur de Chimay.
La famille des Comtes de Soissons est puissante, Jean II était Comte de Soissons et de Chartres, seigneur de Nesle et de Falvy, il navigue dans le cercle du roi de France…
Les Soissons, présents sur la scène internationale, renforcent également les infrastructures de Chimay et développent son commerce.
Ils ont fait l’histoire :
Jean de Soissons participe en 1248 à la septième croisade en Egypte avec le roi de France Saint-Louis (Louis IX). Il faisait partie des conseillers du roi qui l’assistaient parfois à rendre justice, lors de requêtes adressées à la Couronne.
A Chimay, il procède aux travaux d’agrandissement de la tour principale du château et développe la collégiale dans la ville. Son fils Jean III, comte de Soissons, y fut enterré.
Se sont succédé::
Jean II comte de Soissons (†1270),
Jean III comte de Soissons (†1282),
Jean IV comte de Soissons († 1289),
Jean V comte de Soissons († 1298),
Hugues comte de Soissons (†1307),
Sa fille Marguerite épouse Jean de Hainaut comte de Beaumont en 1315…
Les Hainaut
En 1317, Marguerite comtesse de Soissons épouse Jean de Hainaut, comte de Beaumont. La famille de Hainaut est liée aux royautés françaises et anglaises.
Ils ont fait l’histoire :
Jean de Hainaut est un grand chevalier de son époque, il participe à de nombreux combats et aventures. En 1326, il assiste le futur Edouard III d’Angleterre à prendre son trône.
En 1328, il participe à la bataille de Cassel auprès du roi de France.
A la bataille de Crécy, en 1346, il sauve le Roi de France, Philippe VI de Valois mais perd son beau-fils Louis de Chatillon, comte de Blois.
Se sont succédé :
Jean de Hainaut comte de Beaumont (1288-1356).
En 1336, sa fille Jeanne de Hainaut se marie à Louis de Chatillon, comte de Blois…
Les Blois-Chatillon
Le famille de Chatillon possède de vastes terres, elle est très puissante ; la mère de Louis de Chatillon est une sœur du roi Philippe VI.
En 1336, Jeanne de Hainaut se marie à Louis de Chatillon, ils ont trois fils. A la mort de Louis de Chatillon à la bataille de Crécy, ils se partagent les immenses domaines. Le troisième fils Guy de Blois hérite finalement de tout les domaines, dont Chimay, à la mort de ses frères.
Ils ont fait l’histoire :
Guy de Blois épouse en 1374 Marie de Namur, une fille du second mari de sa mère.
Il participe aux guerres du roi Charles VI de France.
Il nomme le célèbre chroniqueur Jean Froissart chanoine du chapitre de Sainte Monégonde à la collégiale de Chimay. Ceci permet à Froissart d’écrire la seconde partie de ses chroniques. Panier percé, il dilapide une grande partie de sa fortune et se voit contraint de céder les terres et la ville de Chimay à son beau frère, Jean de Namur en 1397.
Se sont succédé :
Louis de Blois-Chatillon († 1372)
Guy de Blois-Chatillon († 1372)
en 1412, à la mort de son épouse Marie de Namur, le fief fut revendiqué par le comte de Hainaut et par Thibaut Moreuil, ce dernier obtint gain de cause en 1434 et le revendit à Jean de Croÿ …
Les Croÿ
La famille de Croÿ fut une des familles les plus puissantes de cette époque, allant du règne de Philippe le Bon à celui de Charles Quint.
De nombreux membres de la famille furent fait chevaliers de l’ordre de la Toison d’Or.
Ils ont fait l’histoire : Jean II de Croÿ
Jean de Croÿ II était un grand ambassadeur au service des ducs de Bourgogne. Il fut un des 25 membres fondateurs et Chevalier de l’ordre de la Toison d’Or en janvier 1430 auprès de Philippe le Bon, puis gouverneur de Luxembourg et grand bailli du Hainaut.
Vint une période de disgrâce et la légende du comte à la houssette le présente enfermé 7 ans dans une caverne sous le château de Couvin.
A son retour en grâce en 1473, sa terre de Chimay fut érigée en Comté par Charles le Téméraire. Jean de Croÿ devint le 1er Comte de Chimay peu avant sa mort.
Il fut enterré dans la collégiale de Chimay.
Charles 1er de Croÿ :
Suite au décès de Charles le Téméraire, la guerre civile éclate en 1482 et Charles de Croÿ choisit le camp de Maximilien d’Autriche.
En récompense de sa fidélité, Maximilien érige Chimay en principauté par une charte de 1486. En 1500, Charles 1er devient le parrain du futur Charles Quint.
A sa mort, il fut enterré dans la collégiale de Chimay. Son mausolée de marbre y est toujours présent.
Charles III de Croÿ
Comme ses prédécesseurs, il remplit de hautes fonctions militaires et diplomatiques.
Il est passé à la postérité pour ses fameux Albums de Croÿ : conçus comme des atlas, ils renferment des centaines de gouaches qui représentent les propriétés ducales des Pays-Bas espagnols vers 1600.
Il était également un grand collectionneur de livres, de tableaux et d’objets d’arts.
Il reconstruisit aussi complètement le château de Chimay pour en faire un magnifique palais de plaisance avec des jardins.
Se sont succédé :
Jean de Croÿ, dit à la houssette (1380 – 1473), Philippe Ier de Croÿ (1434-1482),
Charles Ier de Croÿ (1455 – 1527),
sa fille Anne de Croÿ qui épouse en 1520 son cousin Philippe II de Croÿ
Philippe II de Croÿ (1549)
Charles II de Croÿ (1522 – 1551)
Philippe III de Croÿ (1526 – 1595)
Charles III de Croÿ (1560 – 1612) ,
Etant sans postérité, sa sœur Anne de Croÿ était l’héritière de tous ses biens.
Avant de mourir, Charles légua cependant la Principauté à son neveu Alexandre d’Arenberg…
Les Arenberg
Anne de Croÿ était l’épouse du prince Charles d’Arenberg, ce fut leur fils Alexandre d’Arenberg qui hérita de Chimay.
La famille Arenberg qui en suivit, fut assez éloignée de Chimay, il faut dire que cette lignée était fortement endettée et le château de Chimay fut mis sous séquestre jusqu’à apurement des dettes, de 1654 à 1783, soit pendant plus de 100 ans…
Alexandre et son fils Albert firent de Chimay leur dernière demeure en y étant inhumés.
Se sont succédé :
Charles de Ligne, prince d’Arenberg, époux d’Anne-Isabelle de Croÿ (1564 – 1635) Alexandre-Albert d’Arenberg (1590 – 1629), Albert d’Arenberg, prince de Chimay (1618 –1643)
Philippe d’Arenberg, prince de Chimay (1619 –1675), son frère
Ernest-Dominique d’Arenberg (1643 – 1686) A sa mort, son cousin germain Philippe-Louis de Henin-Lietard hérite de Chimay…
Les Hénin-Liétard
La famille Hénin-Lietard ne vécu pas à Chimay, la guerre et les incendies de la fin du XVII siècle avaient détruit le château.
En 1688, deux ans après avoir hérité du domaine, Philippe-Louis mouru, laissant Chimay à son fils Charles-Louis-Antoine.
Ils ont fait l’histoire :
Charles-Louis Antoine de Henin-Lietard fut chevalier de la Toison d’Or, lieutenant général des armées du roi de France.
Il voulu agrandir les terres de Chimay en annexant les bourgs de Fumay et Revin. En représaille, l’Empereur retire à Chimay le titre de principauté du Saint-Empire pour conserver le titre de principauté des pays bas.
Sa deuxième épouse est Anne-Charlotte de Rouvroy fille du duc de Saint-Simon, le célèbre chroniqueur, auteur des Mémoires de Saint-Simon.
Son frère Thomas Philippe fut archevêque de Maline puis devint Cardinal.
Se sont succédé :
Philippe-Louis d’Alsace-Henin-Liétard (†1688), Charles-Louis Antoine d’Alsace-Henin-Liétard (1674 – 1740),
Alexandre Gabriel Joseph de Hénin-Liétard (1681 – 1745)
Thomas-Alexandre Marc-Henri de Hénin-Liétard (1732 – 1759)
Thomas-Alexandre Marc-Maurice de Hénin-Liétard (1759 – 1761)
Philippe-Gabriel Maurice d’Alsace-Henin-Liétard (1736 – 1804),
À son décès, la maison des Princes de Chimay passe à ses neveux, enfants de Marie-Anne Gabrielle-Josèphe-Xavier de Hénin-Liétard et de Victor-Maurice de Riquet de Caraman.
Les Riquet de Caraman
La famille des Riquet de Caraman, célèbre par Pierre-Paul Riquet, ingénieur constructeur du Canal du Midi, reprend Chimay. Son petit-neveu, François Joseph Philippe de Riquet, hérite de Chimay. Toujours actifs à de hautes fonctions d’état ou diplomatiques, les différents successeurs firent également rayonner Chimay en y développant des activités économiques, en reconstruisant le château et en déployant une incomparable activité musicale locale et internationale.
Ils ont fait l’histoire :
François-Joseph fut membre de plusieurs assemblées en France et aux Pays-Bas mais, restera surtout connu par son épouse, Thérésa de Cabarrus, alias madame Tallien. Issue d’une famille de la finance Espagnole, cette femme très intelligente et très belle, développa des activités politiques et culturelle et tint différents salons littéraires.
Pendant la révolution française, elle soutenait activement les idées de la Convention. Durant la Terreur, elle fut emprisonnée plusieurs fois mais séduisit le révolutionnaire Tallien. Elle l’épousa et le fit rallier à une voie plus indulgente. Elle sauva de la mort plusieurs centaines de prisonniers voués à l’échafaud et conduit Tallien à se positionner contre Robespierre et la Terreur le 9 Thermidor.
Sous l’Empire elle épousa le Prince de Chimay. Au château de Chimay elle fit construire un théâtre dans la cour et développa les activités musicales en recevant de grands compositeurs et artistes tels Auber, Cherubini, Malibran…
Elle et son mari sont enterrés dans la collégiale de Chimay.
Le Grand Prince :
Joseph, dit le grand Prince, fut membre de la chambre des représentants, ministre des affaires étrangères, bourgmestre de Chimay.
Il fit développer de nombreuses infrastructures à Chimay et donna des terres pour fonder la fameuse abbaye trappiste de Scourmont, réputée pour sa bière dans le monde entier.
On lui doit, avec son épouse Émilie Pellapra, la construction du théâtre actuel du château.
La passion renouvelée
Reprenant la passion familiale développée sur plusieurs générations, et insistant sur son encrage à Chimay, le Prince Elie et la Princesse Elisabeth de Chimay ont créé le Festival de Chimay. Ce festival accueillit des formations musicales dans le théâtre du château pendant près de vingt-cinq ans.
La Princesse Elisabeth de Chimay a préservé les archives familiales et a ouvert les portes du château aux visiteurs passionnés d’Histoire.
Le Prince Philippe et la Princesse Françoise de Chimay, actuels propriétaires du château, comme tous leurs prédécesseurs dont le cœur fut ancré à Chimay, redonnent à leur tour vie et prestige au château en le rénovant et y développant des activités culturelles de portée internationale.
Se sont succédé :
François-Joseph Philippe de Riquet (1771 – 1843) Joseph Philippe de Riquet (1808 – 1886)
Marie Joseph Guy Henry Philippe de Riquet (1836 – 1892)
Marie Joseph Anatole Elie (1858 – 1937)
Joseph Marie Alexandre Pierre Ghislain (1921 –1990) (renonça au titre)
Elie Marie Charles Pierre Paul (1924 – 1980) Philippe Joseph Marie Jean (1948)